Vous les reconnaissez, leurs couleurs ponctuent mes recettes... ce sont les bols en bambou bibol !


Ces jolis bols aux couleurs toniques font partie de ma cuisine, spontanément nous les avons aussi adoptés dans nos illustrations de recettes. Dans Bio, bon, gourmand, cette photo illustre la Crème du joli mois de Mai.
Bibol a été créé par Stéphanie et son mari Simon. Originaire du Vietnam, Stéphanie, dont le prénom vietnamien Ti Nga se traduit par Petite Lune, nous raconte comment son projet a germé après un retour aux sources dans son pays natal. Vous croiserez certainement les couleurs étincelantes de leur collection sur un salon...

Un voyage comme un retour aux sources.
Stéphanie Trinh : Je suis retournée au Vietnam au mois d’octobre 2006 présenter mon mari à mes parents qui vivent dans le sud. Ils ont découvert leur gendre pour la première fois et mon mari a découvert mon pays natal avec beaucoup de curiosité et mes parents avec un peu d'appréhension !
J’avais beaucoup entendu parler de mon pays, mais je le connaissais peu : des souvenirs d’enfance du village où je suis née. Nous l'avons découvert ensemble, en le parcourant du nord au sud. Les paysages de mon pays sont d'une beauté apaisante, dans les montagnes du nord, j'aime contempler les cultures de riz en terrasse à perte de vue. Les marchés sont colorés de fruits et légumes dont je raffole.
Ici on reconnaît les gens qui ont de la famille à l'étranger : Ils ont une maison européanisée. Petit à petit, le béton remplace l'habitat traditionnel. Il s'installe au détriment des matières naturelles utilisées depuis toujours. Le bord de mer se bétonne, de nombreux complexes hôteliers se construisent. Mon pays se défigure un peu plus tous les jours. Il est important de préciser que les maisons traditionnelles en bambou et en paille de riz stockent le CO2 tandis que la fabrication du ciment et du plastique en produit beaucoup.
La naissance d’un projet.
Stéphanie : En 2007, j’ai décidé de retourner au Vietnam à la recherche des artisans qui perpétuent la tradition des bols en bambou que nous avions découvert avec mon mari. Seule cette fois-ci, avec mon sac à dos, j’ai parcouru Hanoï et ses environs, en moto taxi. L'accès est difficile. Dans le fin fond de la campagne, là où les touristes ne vont pas, il faut mettre un masque pour se protéger de la poussière des routes en terre. J’ai rencontré des gens chaleureux qui m’accueillaient avec du thé vert dès que je franchissais le seuil de leur maison. Des familles entières travaillent ensemble et sont fières de montrer leur production, c'est très touchant mais parfois d'un goût si différent !
De retour chez moi, j'ai raconté mon voyage, mon histoire, je n'arrivais pas à revenir à la réalité de ma vie de tous les jours, j’étais hantée par une idée : retourner au pays rapidement. La misère que j'ai vue dans les campagnes me touche, les paysans travaillent durement et gagne moins de 50 euros par mois. L'école n'est pas obligatoire, elle n'est pas entièrement financée par l'état, souvent les enfants travaillent avec leur famille pour subvenir à leur besoin.
Je suis sensible à ce problème. Quand j’étais enfant je travaillais. J’ai commencé dans les champs quand j’avais 7 ans. Le matin je me levais à 5h pour aller à la messe, à 7h j’arrosais les plantations avant qu’il ne fasse trop chaud et à 9h je me rendais à l’école. L’après-midi, je gardais les buffles. Pour m’amuser, je montais sur leur dos pour les emmener paître. Plus tard, j’ai participé aux travaux agricoles avec mes parents. Quand ma mère était retenue par les travaux agricoles, très souvent, je la remplaçais au marché : je récoltais les légumes et les transportais pour les vendre. Mon vélo était trop grand, le panier de légumes était très lourd et me dépassait.
Le marché se trouvait à 3 km de chez nous. Au départ de la maison, c’était facile, il y avait toujours quelqu'un pour pousser le vélo et m’aider à démarrer. A l’arrivée, c'était à chaque fois, très angoissant quand je ralentissais. Le vélo perdait l’équilibre à cause du poids. Heureusement je ne suis jamais tombée, mon chargement non plus !
Le bambou.
Stéphanie : En 25 ans, le Vietnam s’est énormément développé et de façon brutale, au détriment de l’environnement et du pays lui-même. Pour les plus favorisés, dans l'architecture, le béton remplace le bambou. Sur les marchés, le plastique le supplante doucement. C’est pourtant une ressource au propriétés incontestables : souple, solide, résistante, croissant rapidement, stabilisant les terrains et piégeant le CO2.
Quand j'étais petite, je fabriquais mes jouets. A partir des tubes de bambou, j'obtenais une flûte ou une sarbacane. Pendant l'été, je me confectionnais un cerf-volant avec des lamelles de bambou. Pour la fête de la lune qui a lieu au mois de septembre, toujours avec ces lamelles, je me fabriquais un lampion en forme d'étoile.
Le début de l’aventure.
Stéphanie : Dans le nord du pays, j’ai trouvé des artisans qui fabriquent les objets que nous avions repérés lors de notre précédent voyage. 80 artisans m’ont fait confiance. 160 petites mains fabriquent nos produits et comptent sur moi pour les débouchés. C’est ainsi, que j’ai été portée pour trouver des distributeurs pour nos objets.
Un positionnement équitable.
Stéphanie : Nous avons signé un accord équitable dans lequel les artisans s’engagent à ne pas faire travailler les enfants et envoyer les leurs à l’école, replanter, recycler, utiliser des matériaux naturels et limiter leurs émissions de CO2... En échange, je leur paie d'avance une bonne partie des marchandises commandées et leur garanti un salaire correspondant à deux fois le salaire moyen, ce qui leur permet de vivre décemment pendant le temps de la fabrication sans avancer le achats de matières premières.
La ligne Bibol.
Simon Trabuc : La beauté de cet artisanat m'a fasciné lors de mon premier voyage au Vietnam. Dès le début, nous nous sommes focalisés sur une démarche véritablement écologique : d'une part une ressource naturelle qui se renouvelle rapidement et utilement, et d'autre part la mise au point et l'utilisation de peintures propres : sans solvant, ni composant organique volatile, bien qu'elles engendrent des coûts de fabrication largement supérieurs. Votre sensibilité vous permettra d'apprécier la différence.
Les formes et les couleurs sont validées en famille. Nous avons commencé au tout début par des modèles traditionnels, puis très rapidement la collection s'est enrichie de nouvelles formes que j'ai créées. Nos objets doivent être pratiques et épurés, c'est ce qui les rend beaux. Depuis que nos premiers modèles ont été copiés, nous déposons nos créations. Vous reconnaîtrez facilement nos produits, ils sont signés bibol, cela vous garanti un produit sain et équitable.